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CHRONIQUES DISQUES

TRAVERSES : Comme d’habitude,le label Vand’oeuvre édite un disque bizarre et surprenant.WIWILI est un groupe dont les compositions se situent entre l’électro-acoustique et le free-rock le plus dur.Si vous prenez un atlas mondial et que vous cherchez les coordonnées latitude13°37’ - longitude 85°49’,vous tomberez sur une petite ville du nom de Wiwili située au Nicaragua.Cette ville où entres autres,trois européens furent assassinés durant la guerre de Reagan dans ce pays.Le nom du groupe est comme un écho de cette guerre faschiste.Les musiciens avec autant de rage que les militants libertaires combattaient les troupes américaines ou les troupes soumises à l’impérialisme.Le résultat musical est digne du chaos qui régnait à l’époque au Nicaragua.
La plupart des morceaux sont inscrits dans un même schéma musical: un début relativement calme où les sons des machines vibrantes prédominent puis lentement ,le son monte,le désordre s’installe,les guitares commencent à gémir,à hurler.Les batteries et les machines s’affolent,rugissent pour aboutir à une explosion sonore et bruitiste.Les deuxièmes moitiés des morceaux rappellent de nombreuses choses entendues chez Sonic Youth.
Le groupe vit le jour lors de la rencontre de quatre musiciens dans le cadre d’un projet de création musicale initié par l’association “ La Fraternelle “ et le musicien Hervé Gudin ( guitare ,dispositif).Les autres musiciens sont Xavier Charles,qui joue comme d’habitude avec des haut-parleurs vibrants et d’autres joujoux électroniques,Michel Deltruc à la batterie et aux percussions et enfin Jean-Sébastien Mariage à la guitare électrique.
Ces quatre musiciens joue une musique engagée et sans concessions,une fusion sonore très rock’ n‘ roll tendance noisy, à la limite du punk.L’enregistrement respire à la fois l’urgence de jouer avant de mourir mais aussi une certaine rage de vaincre
( convaincre ? ).
On imagine très bien le genre de performance que le groupe peut élaborer sur scène: des concerts où une anarchie totale règne mais où l’amateurisme est totalement proscrit.
D’autant plus que pour avoir vu Xavier Charles sur scène quelque fois, rien que le fait de le voir bidouiller toutes ses machines est déjà un spectacle à part entière.Il ne me reste qu’une seule chose à dire à propos de ce disque , le nom ( le cri ? ) du dernier morceau : NO PASARAN !
Thomas Chaussade

BUTTERFLY WEBZINE : Pour commencer, il y a le chaos. Des grésillements de nature indéterminée se croisent et s'empilent, des évènements brusques traversent le champ auditif. Une mer de sons monte peu à peu, d'où émerge le battement régulier d'une batterie aux roulements dévastateurs. A ce moment là seulement, on identifie certains des sons environnants pour ce qu'ils sont, des rugissements d'amplis
et de guitares malmenées.
Telle est la musique voulue par le quartet français baptisé Wiwili : brute, sans académisme ni état d'âme. Michel Deltruc à la batterie et aux percussions, Hervé Gudin et Jean-Sébastien Mariage qui détournent férocement leurs guitares, plus Xavier Charles aux « haut-parleurs vibrants » et manipulations électroniques partent d'une musique a priori savante, celle du dispositif électroacoustique, et la collent sans aucun complexe au format très éloigné du groupe rock. Comme si le chanteur du groupe en question avait brusquement été remplacé par une table de mixage au fonctionnement hasardeux. Il ne s'agit résolument pas de post-rock, tant le côté plaisant ou éventuellement planant d'une musique basée sur les riffs et la répétition a été laissé de côté, au profit d'une énergie sombre puisée au cour de la free music.
Le nom du groupe lui-même se pose en revendication « libertaire », en évoquant l'interventionnisme de l'administration Reagan pendant les années 80 en Amérique centrale : sur la route menant la à ville de Wiwili, des « contre-révolutionnaires » soutenus par la CIA ont abattus, en juillet 86, trois coopérants européens qui travaillaient sur des projets humanitaires avec les Nicaraguaiens. Parmi eux, le militant français Joël Fieux, natif du Jura, tout comme Hervé Gudin, instigateur du quartet.
Celui-ci a créé son répertoire pendant une résidence à l'école de musique de Dôle, avant d'enregistrer le disque sur le label Vand'oeuvre, celui du Centre Culturel André Malraux, célèbre pour le festival Musique Action. Si les « Bonnard Monsieur Ponard » et « Camille » explosent dans un carnage free rock, des plages comme « Le Silence Des Pantoufles » dérivent lentement sur des textures concrètes où quelques notes de guitare sont réduites au statut d'objet sonores. Une frémissante union des contraires, quelque part entre le Jura et le Nicaragua du son. Thibaut Lemoine ( 26/01/2005 )

ALL - MUSIC GUIDE : Wiwili is a town in Nicaragua where Contras assassinated French, Swiss and German men in July 1986. The violent context and obvious political weight civilian victims of Reagan’s war,explain the liner not put in the name of this quartet and the title of its debut album doesn’t presage light music. Indeed, Wiwili is not about silence-based improvisation. In fact, followers of Xavier Charles are in for a surprise, as this is his noisiest, most feverish session in a while. The music is mostly driven by the dual electric guitars of Hervé Gudin and Jean-Sébastien Mariage.Drummer Michel Deltruc rounds up the quartet; despite obvious talent for free improvisation, he likes to hammer a mean beat, which gives the album an overall sound that is closer to Soixante Etages,Etage 34 or Chamaeleo Vulgaris than to any of Charles, previous projects, be them clarinet or electronics-based. Bonnard! Monsieur Ponard and Camille are hard-rocking numbers, beat heavy, with noisy guitar layersand crude electronics that bring to mind Sonic Youth or Dominique Répécaud ‘s aforementioned bands. Camille and with a title like that you wouldn’t expect such an aural assault is particularly filthy in the most positive way. The other pieces, especially Le Silence des Pantoufles and the 16-minute piece Quatuor pour Ceux d’En-Haut, are more tempered, blending textural electronics (Gudin and Charles are credited for devices, and abstract playing, bringing out Charles? more subtle input and Deltruc’s freeform percussion work. Fans of The Infusion or Mariage’previous projects will find a lot of replay value in Wiwili, an album with guts, passion and immediacy, despite its demanding nature.
François Couture

   
 

CONCERT RVG " LE CYLINDRE "

L’écoute du concert d’Hervé Gudin enregistré le 12 décembre au Cylindre n’est pas confortable.Il faut savoir laisser ses préjugés au vestiaire et creuser derrière les agressives stridences électriques pour pénétrer l ’univers très singulier de cette pièce musicale d’une vingtaine de minuterais Hervé Gudin est guitariste , on ne peut pas dire que l’approche qu'il a désormais de son instrument soit conventionnelle :
à grands renforts de larsens, d’échos, de bandes qui créent un climat percussif sonnant quelquefois comme des proto-boîte à rythme, il tord, malaxe, maltraite sa guitare.D’ailleurs, est-ce vraiment de la guitare qua on entend ? Elle a le son d’un koto, d’une pédal-steel, ou d’un instrument extraterrestre selon les effets employés.
Cependant, malgré une première impression déconcertante, on se surprend à accrocher sur des climats, des bouts de mélodie, des séquences plus ou moins brèves carrément ambiant-pop rappelant les travaux de Brian Eno en solo ou avec Robert Fripp au milieu des années 70.
Mais Hervé Gudin sait placer aussi son son spécifique, ce son à la fois cristallin et spatial, qu’ il utilisait volontiers lors de ses précédentes incarnations jazz ou rock.
Donc finalement, si l’on sait se laisser emporter et gagner ces ambiances à la fois lo-fi et en cinémascope, on sort surpris et apaisé d’une telle écoute.Mon seul souhait, que ces idées se transforment au sein de pièces courtes et épurées, mais c’est un avis bien personnel.
Roland Dérudet ,rédacteur de “ Poplife “ au Progrès de Lons le Saunier